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220 Congolais massacrés à Kipupu, mais on marche à Kinshasa et Bukavu pour des broutilles

Dans la nuit du 16 au 17 juillet dernier, 220 Congolais ont été tués dans le village de Kipupu dans le territoire de Mwenga. Un massacre. Un de plus dans cette province du Sud-Kivu. Ce sont les forces dites négatives coalisées des groupes armés Ngumino et Twagwaheno qui ont commis ce nouveau massacre.

Ce massacre de 220 Congolais du village de Kipupu au Sud-Kivu passe quasiment inaperçu vu de Kinshasa. Des députés provinciaux du Sud-Kivu, bien qu’impayés depuis neuf mois, ont confirmé l’information et imploré les forces armées à redoubler d’efforts pour mettre fin au gangstérisme des groupes armés qui opèrent dans cette partie du pays.

Le massacre de Kipupu n’intéresse, apparemment, personne dans les instances du pouvoir à Kinshasa. Aucune réaction des autorités gouvernementales n’a été enregistrée jusque-là, du moins à notre connaissance. Tout se passe comme si 220 Congolais tués sur une population de 80 millions, n’est qu’une goutte d’eau dans le lac Kivu. Des massacres, il y en a eu par le passé. Alors, un de plus ? Cela ne doit émouvoir outre mesure.

Pendant que les villageois de Kipupu pleurent leurs morts, à quelques milliers de kilomètres de là dans la même province dans la ville de Bukavu, des militants de l’UNC organisent une « marche de soutien à Vital Kamerhe », la veille du début de son procès en appel. A 2000 km de là, à Kinshasa, le Front commun pour le Congo organise également une « marche de soutien aux institutions et au peuple qui souffre ». De toutes ces marches organisées ce jeudi 23 juillet, aucune en mémoire des victimes du massacre de Kipupu. Aucune organisation politique non plus n’a songé, jusque-là, à une cérémonie pour dénoncer ce énième carnage.

Tout se passe comme si ces Congolais-là de Kipupu n’existaient pas. Ils se sont retrouvés là au mauvais endroit au mauvais moment. Ils ne sont sans doute pas les premiers ni les derniers d’une série macabre qui se joue dans cette partie du territoire national. Alors, pourquoi penser à eux ?

Des élites déconnectés de la base…

Il y a plus important : les ordonnances du président de la République contresignées non par le premier ministre, en mission au moment des faits, mais par le ministre de l’intérieur assurant l’intérim du premier ministre. Pour ça, des intellectuels écument les plateaux des radios et télévisions pour expliquer l’inconstitutionnalité ou non de ces actes réglementaires. Des érudits publient de longues tribunes, indigestes du reste, pour soutenir des positions parfois loufoques. Sur les réseaux sociaux, chacun y va de son analyse.

Le premier ministre donne même de la matière aux internautes, en publiant un communiqué, via son porte-parole, dans lequel il nie avoir donné le pouvoir de contreseing à son intérimaire et « sollicite » une rencontre avec le chef de l’Etat.

On ne serait pas en RDC qu’on en rirait. Mais tout se passe bel et bien dans ce même pays où 220 compatriotes ont été réduits éternellement au silence sans que le premier ministre, chef du gouvernement ou les ministres de la défense et de l’intérieur n’en fassent allusion. Pourtant et parfois à coup de millions pour attirer ou acheter de la clientèle politique, des forces politiques sont promptes à célébrer ou marcher dans la rue pour soutenir des thèses et causes incongrues, mais jamais ou très rarement pour dénoncer des tueries commises sur des paisibles citoyens par les groupes armés.

Oui, on sait que ces citoyens là d’un village éloigné du Sud-Kivu, au fin fond du territoire de Mwenga, n’intéressent pas les élites kinoises. Mais, c’est tout de même indécent de marcher pour des broutilles alors que le sang de ces concitoyens est encore chaud. Et, 220 vies écrasées, ce n’est pas rien.

N’tombo Lukuti

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