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Placé en détention provisoire, Kamerhe éclipse le coronavirus

Avec le placement en détention provisoire de Vital Kamerhe, les Congolais ont presque oublié que le coronavirus frappait à Kinshasa et dans quatre autres provinces du pays. Dans la rue, dans les transports en commun on ne parle que de ça. Si certains applaudissent, d’autres parlent d’une simple mise en scène destinée à flouer l’opinion.

Que l’on soit sceptique ou optimiste quant à la capacité de la justice à mener à bien cette affaire, force est de constater que le nouveau pouvoir est à un véritable tournant. Vital Kamerhe n’est pas en effet n’importe qui. Tous ceux qui ont été bousculés jusque-là dans l’affaire du détournement présumé des fonds affectés aux projets des 100 jours du président Tshisekedi, n’étaient en fait que des exécutants, du menu fretin, diraient certains.

Le directeur de cabinet du président de la République, c’est du lourd. C’est l’allié officiel, quasiment unique, du président Félix Tshisekedi. C’est avec lui que l’accord de Genève, créant Lamuka et faisant de Martin Fayulu candidat commun de l’opposition, a connu un fiasco. Après avoir renié leurs signatures, les deux hommes ont signé l’accord dit de Nairobi, créant Cap pour le changement (CACH) avec Félix Tshisekedi comme candidat «commun» à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. Le même accord prévoit qu’en 2023, Félix Tshisekedi ou plutôt l’Udps, soutienne la candidature de Vital Kamerhe à la présidence de la République.

Que le pressenti candidat de CACH pour 2023 se retrouve entre les mains de la justice avec au final une possible infamante condamnation pour «corruption» a de quoi faire réfléchir. Jean-Pierre Bemba l’a expérimenté.
Au-delà de la clarification sur la gestion des fonds du programme des 100 jours de Félix Tshisekedi, nous assistons là à un chambardement, à une remise en question des alliances nouées à la faveur de l’élection de fin décembre 2018.

Il est possible que Vital Kamerhe s’en sorte. Blanchi par la justice, il pourrait rebondir. Quoi qu’il en soit, quelque chose va changer. Il n’est pas évident qu’après cette saga judiciaire qu’il puisse garder son poste aux côtés du président de la République. Trop de personnes lui en veulent. Ses ennemis politiques les plus virulents se recrutent curieusement parmi ses alliés déclarés aussi bien de l’Udps que du Front commun pour le Congo (FCC). Qu’un allié aussi difficile à contrôler soit empêtré dans une affaire aussi sensible aux yeux de l’opinion publique et soit mis possiblement hors jeu ne peut que réjouir ces alliés-adversaires.

La morale de l’histoire est que la justice montre, enfin, ses muscles. On peut se réjouir que pointe à l’horizon la fin du règne des intouchables. Et, c’est peut-être le plus proche allié de l’autorité suprême du pays qui en paie le premier le prix. Mais, il faudra noter que la mise en détention provisoire de Vital Kamerhe n’est qu’une des étapes de la procédure. Le magistrat devant, en principe, instruire, à charge et à décharge, tout peut arriver dans les prochaines heures. Le «pacificateur jusqu’au bout» , comme on aime parfois l’appeler, pourrait apporter des éléments pouvant le disculper. Il aura néanmoins perdu quelque chose : son honneur devant cette clameur populaire qui le désigne comme un kleptomane. Bien plus, Vital Kamerhe est placé en détention dans une prison surpeuplée au moment où le coronavirus appelle plutôt au désengorgement des lieux de détention.

Mona Kumbu

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