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Atou Matubuana : Matusila a, enfin, eu sa peau

Dans une correspondance datée du 13 juillet et très vite diffusée sur les réseaux sociaux, le procureur général près la cour constitutionnelle, prie «Monsieur Atou Matubuana, gouverneur déchu du Kongo» de déposer sa démission.

« Je vous enjoins de déposer votre démission au président de la République, chef de l’État, et de cesser d’exercer les fonctions de gouverneur de province du Kongo central», écrit Mukolo Nkokesha Jean- Paul, sur le ton de l’exaspération. Et de brandir des sanctions en cas de refus du «gouverneur déchu» de s’exécuter. « Le refus de vous y soumettre, vous exposera à la rigueur de la loi», prévient le haut magistrat, qui demande au ministre de l’intérieur de désigner un intérimaire pour la gestion de la province, en attendant l’élection d’un nouveau gouverneur. Voilà qui devrait mettre fin à une saga politico-judiciaire qui plombe les institutions provinciales du Kongo central depuis plusieurs mois.

Tout est parti de la diffusion, le 26 août 2019, d’une vidéo datée du 25 août, mettant en scène le vice-gouverneur Justin Luemba dans une position délicate avec Mme Mimi Muyita, une secrétaire du gouverneur de province. L’affaire dite de «scandale sexuel» était ainsi née. Très vite, les enquêtes révéleront un «montage du gouverneur en vue de faire chanter le vice-gouverneur».

La justice n’a pourtant pas pu mener à bien sa mission, l’assemblée provinciale ayant rejeté la requête d’autorisation de poursuites contre Atou Matubuana. La principale actrice du «scandale sexuel» a été révoquée et se la coule douce, depuis, à l’étranger. Quant à Atou Matubuana, il n’a cessé, d’être inquiété par la même assemblée provinciale, qui votera début décembre 2019, une motion de défiance contre lui dans des conditions assez troubles. C’est cette motion que la cour constitutionnelle exige l’exécution immédiate dans un arrêt rendu fin mai de cette année.

Dans le camp de Atou Matubuana on indique pourtant qu’il s’agit là d’un «arrêt de principe» inapplicable dans le cas d’espèce puisque la cour de cassation avait invalidé le vote de la motion, ordonnant la destruction du procès verbal relatif à la séance plénière au cours de laquelle la motion avait été votée, pour «vice de procédure».

Fin du feuilleton ?

Quoi qu’il en soit, on s’achemine, sans doute, vers la fin de ce feuilleton politico-judiciaire. Atou Matubuana n’a, jusque-là, tenu que grâce à des appuis au niveau du ministère de l’intérieur. Ces appuis risquent, cette fois-ci, de ne pas être suffisants pour qu’il garde « son » fauteuil tant convoité.
Le «gouverneur déchu» du Kongo central a quasiment toute la classe politique Kongo contre lui. Le FCC voue une haine viscérale à cet élu du territoire de Mbanza-Ngungu, qu’il avait enjoint de démissionner à la suite du scandale sexuel dans lequel il était, apparemment, impliqué dans son exécution.

Rapporteur adjoint de l’assemblée provinciale du Kongo central sous la présidence de Nsimba Nzungila, puis élu vice-gouverneur dans le même ticket que Jacques Mbadu, il avait été désigné gouverneur intérimaire à la mort de ce dernier le 19 juillet 2018. Lors des élections de décembre 2018, il a été élu député national et député provincial, puis gouverneur de province, battant à plate couture Simon Mbatshi Batshia, candidat officiel du PPRD/FCC. Celui qui s’était présenté comme candidat indépendant, a pourtant rejoint les rangs du FCC. Aujourd’hui, c’est le désamour.

C’en est donc fini de la «rébellion» de Atou Matubuana. Anatole Matusila, président de l’assemblée provinciale du Kongo central qui mène la fronde a eu raison de lui. Et, c’est Justin Luemba, vice-gouverneur en fonction, qui devrait, en principe, être désigné gouverneur intérimaire, à moins que le ministre de l’intérieur n’en décide autrement et confie l’intérim au ministre provincial préséant.

En tout état de cause, le gouverneur intérimaire désigné pourrait le demeurer jusqu’aux prochaines élections en 2023. Il est en effet exclu, selon des sources informées, que le bureau fin mandat de la CENI dirigé par Corneille Nangaa puisse organiser les élections des gouverneurs des provinces où des motions de défiance ont été adoptées par les assemblées provinciales.

Et, quand on sait que la nouvelle CENI ne sera pas en place avant plusieurs mois, on peut craindre que ce soit le gouverneur intérimaire qui aura la «chance» de terminer le mandat non achevé de Atou Matubuana. Ce dernier aura géré la province du Kongo central en amateur et a surtout dû faire face à l’hostilité des députés provinciaux et de certains « notables» kongo.

N’tombo Lukuti

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