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Congrès et état d’urgence : ces chiffres qui donnent le vertige

En l’espace de quelques jours, les 80 millions de Congolais sont devenus spécialistes en tout. Ils sont infectiologues, virologues, épidémiologistes, pharmaciens, laborantins, communicologues, experts financiers, criminologues, pénalistes, constitutionnalistes…Le confinement aidant, ils parlent de tout et de rien. Et depuis, le week-end, ils n’arrêtent pas de pérorer sur le bienfondé de la convocation du congrès.

Très susceptibles face aux visées des politiciens, ils trouvent spécieux les arguments avancés par les uns et les autres sur l’opportunité ou non de la tenue du congrès par ces temps de confinement. Les déclarations intempestives de certains politiciens et les sorties médiatiques du président du sénat et du président intérimaire de l’Udps qui est aussi premier vice-président de l’assemblée nationale ont fini par installer le doute sur tout.

Bien plus, la déclaration de Jean-Marc Kabund sur le coût trop élevé de la tenue du congrès, soit 7 millions de dollars américains selon lui, est venue jeter de l’huile sur le feu. Au moment où les moyens de l’Etat devraient être prioritairement réservés et orientés à la lutte contre la propagation du covid19, dépenser 7 millions $ US pour la tenue du congrès est perçue comme une grosse irresponsabilité de la part des membres du parlement. face à cet argument, le président du Sénat, dans un communiqué daté du lundi 13 avril, considère que JM Kabund voudrait instrumentaliser l’opinion publique en avançant des chiffres “faux, mensongers et diffamatoires”.

Du coup fleurissent sur les réseaux sociaux des appels aux Kinois d’empêcher par tous les moyens la tenue du congrès. Ces appels à la violence sont d’autant plus inquiétants qu’ils pourraient avoir pour conséquence un rassemblement monstre devant le palais du peuple alors que les mesures de protection contre la contamination au covid19 interdisent des rassemblements de plus de 20 personnes. Qui prendra la responsabilité d’un tel débordement aux conséquences sanitaires assez lourdes ?

S’il est normal qu’un débat franc, argumenté alimente le quasi confinement dans un pays qui se veut démocratique, il est tout aussi vrai que les uns et les autres ont intérêt à ne pas verser dans le populisme, dans des appels à la casse. Les animateurs des institutions ont surtout intérêt à éviter des déclarations intempestives. Plutôt que de se lancer dans des querelles byzantines, ils devraient actionner les mécanismes constitutionnels pour régler certaines questions pendantes, notamment recourir à la cour constitutionnelle pour interprétation de certaines dispositions de la constitution qui poseraient problème, notamment en ce qui concerne les articles 85, 119, 144, 145 de la constitution. On pourrait ainsi avoir une compréhension commune quant au déroulé des actions devant mener à la proclamation de l’état d’urgence, fusse-t-il sanitaire.

Pour l’heure, force est de constater que députés et sénateurs sont tenus à l’œil par une population quasi confinée, qui a du mal à remplir la panse, mais qui apprend que l’Etat n’a mis sur la table que 1,8 millions $US pour contrer le covid19, mais que le trésor public devrait débourser près de quatre fois plus pour la tenue du congrès. Des chiffres qui donnent le vertige. Les calculettes ont vite été sorties. Résultat : si les 609 congressistes devraient se partager à parts égales les 7 millions $US, chacun recevrait 11.494 $US. Tout ça pour quoi, se poserait-on la question. Même si ce chiffre de 7 millions $US est sorti de la bouche d’un membre du bureau de l’assemblée nationale, qui n’est pas donc pas le premier venu, d’aucuns rêvent que ces chiffres soient déclarés « faux » après vérification. Cela apaiserait bien de gens dans ce pays où manger dignement et à sa faim relève parfois du miracle quotidien pour la majorité de la population.

Mona Kumbu

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