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Traque des « Kuluna » : la méthode Elvis toujours sollicitée à Tshangu

Février 2014, les autorités congolaises mettaient fin à l’opération « Likofi » (coup de poing en lingala). Cette dernière consistait à éradiquer le banditisme de rue communément appelé « Kuluna » par la population locale. Depuis lors, presque cinq années se sont écoulées. Même-si l’ampleur dudit phénomène a régressé sur le terrain, il reste redoutable dans plusieurs quartiers reculés de Kinshasa. Les habitants de la périphérie de la méga cité kinoise continuent jusqu’à ce jour d’être confrontés aux braquages et autres formes de violences de rue à l’arme blanche. C’est le cas des quartiers des cinq municipalités du district de la Tshangu, dans la banlieue Est de la capitale congolaise.
Ces gangsters appelés «Kuluna» continuent d’y semer la terreur et la désolation. Après avoir été réprimés par la police grâce à l’opération « Likofi », beaucoup de ces jeunes délinquants se sont reconvertis grâce aux actions de certaines ONG et associations humanitaires. Mais d’autres non. Les durs à cuire ont changé de milieux de vie voire de mode opératoire. Non seulement ils sont allés occuper les quartiers les plus reculés de la ville, mais développent également des nouvelles stratégies d’opérer. Des sources concordantes indiquent que ces brigands se regroupent en écurie pour mieux terroriser les habitants de certains quartiers du district de la Tshangu dont Mikonga (K15), Disasi, Mayengela, Mapela, Ngamazita, Mokali, quartier 5, etc.. en procédant souvent par des attaques ciblées de ménages, munis des machettes et autres armes blanches. Ils sont tellement violents qu’ils vont jusqu’à ôter la vie dans certains cas, confirment les mêmes sources.

Face à cette nouvelle forme de banditisme, les autorités des institutions ayant en charge la protection des civils et de leurs biens se sont vues obligées de réviser leur stratégie et modes d’intervention.

Tout comme leur cible, les forces de l’ordre ne cessent d’envisager des nouvelles méthodes pour éradiquer le banditisme de rue dans sa nouvelle forme, devenu un véritable fléau dans certains quartiers de la ville. « Il y a un temps, nous avions une forme de délinquance juvénile, de petit banditisme de rue. Aujourd’hui nous sommes face à ce que l’on appelle tous le phénomène Kuluna : des jeunes gens professionnels de l’arme blanche. Chaque époque il y a des nouvelles formes de violence qui voient le jour. A nous d’adapter notre manière de faire pour continuer à tenir la population à l’abri des malfaiteurs. Par exemple pendant la période électorale, il y a eu recrudescence de ce banditisme qui n’avait rien à voir avec les motivations pécuniaires. Des gens ont été victimes des attaques ciblées à l’arme blanche tout simplement à cause de leur appartenance tribale, ethnique ou politique », a expliqué un officier du district commis au poste de la Maison Communale de Kingasani.
Impliquer la population dans la traque des malfrats 
L’ex-Commissaire provincial de la Police de Kinshasa, le Colonel Elvis Palanga Nawej, a en son temps, mené une lutte acharnée contre les Kulunas selon une méthode qui lui était propre. Sa méthode était très appréciée par la population ; surtout à Tshangu où il était Commissaire de district avant d’être promu Commissaire provincial en remplacement de Célestin Kanyama,  autre féru de la lutte contre les Kuluna, suspendu suite aux répercutions de l’opération « Likofi » (excès de violence et abus des droits de l’homme selon certains rapports des organismes internationaux).
Tshangu, est un des cinq districts que compte Kinshasa. Située dans la périphérie Est, cette circonscription est traversée par la route nationale numéro 1 l’unique voie menant au plus grand aéroport du pays (N’djili). Avec ses 5 communes à savoir Maluku, N’sele, Masina, Kimbanseke et N’djili. Tshanguest le plus peuplé de la Capitale congolaise et abrite également la population la plus pauvre de la méga cité kinoise.
La méthode « Elvis » reposait sur la collaboration entre police et population dans la traque de « Kuluna ». Ce qui explique son approbation par les paisibles citoyens de Kinshasa et plus particulièrement ceux de la circonscription de la Tshangu. A cette époque, les habitants étaient ainsi appelés à coopérer avec la police en dénonçant toute personne suspecte ; qu’elle soit proche ou non. Question de faciliter la tâche aux forces de l’ordre dans l’intérêt de la communauté : « si vous êtes en patrouille, la population doit être contente de voir ses policiers travailler ; si vous trouvez quelqu’un la nuit qui revient d’un deuil, accompagnez-le jusque chez lui. Arrêtons la brutalité, car la brutalité ne paie pas. Les kulunas sont des jeunes gens qui ne sont pas difficiles à attraper », conseillait-il lors de ses parades et multiples descentes sur terrain.
« Nous avions aimé le temps où la police était proche de nous pour nous protéger. Avec les éléments de Colonel Elvis, il y avait des patrouilles çà et là. Des descentes régulières sur terrains. Il ne se passait pas une semaine si je ne m’abuse, sans que nous ne les voyions, lui et ses éléments dans nos quartiers. Ça rassurait la population et terrorisait en même temps les délinquants. Même si le phénomène a diminué, il n’est pas totalement fini. Les kuluna prospèrent dans d’autres secteurs de Tshangu. Nous espérons que la police d’aujourd’hui emboitera le pas. Surtout que les habitants de certains quartiers se font eux-mêmes justices ». « Un peu comme dans la jungle », déplore Eric Mawete un étudiant habitant Kingasani à quelques pâtés de maisons du Commissariat.
Cette approche est dépassée a réagi un officier de Police. « Déjà, la police souffre du manque de collaboration de la population. Ni les chefs des quartiers, les responsables des rues ne veulent dénoncer ces abus commis par ces jeunes gens. Même-s’il en a été témoin, il préfère se taire par peur de représailles. La seule fois où quelqu’un vient pour dénoncer, c’est seulement quand il est personnellement victime ou visé… »
Et d’ajouter : « Autres temps, autres mœurs dit-on ! Du temps d’Elvis nous étions en face de grands adolescents dit Kuluna ; mais aujourd’hui, le phénomène s’est étendu aux plus jeunes. Avec ça, il y a eu nécessité de revoir nos méthodes. Bien sûr que nous n’allons pas jeter en bloc tout le travail réalisé par nos anciens chefs. C’est une bonne base pour nous  ».
Sam BK 

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