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Tradition : les rituels sur les veuves en voie d’extinction à Kinshasa

En République Démocratique du Congo, les femmes qui perdent leurs maris ont longtemps été soumises à certains rituels qui peuvent varier selon les tribus. Mais depuis un certain temps dans la capitale Kinshasa, on assiste de plus en plus à la disparition de ces pratiques, pour certaines, contraires à la dignité de la femme. Quels facteurs bousculent ces anciennes traditions ? Tentative de réponse.      

En janvier 2019, Hélène*, habitante la commune de Ngaliema, la trentaine révolue, mère de trois petits enfants, a perdu son mari. Durant les deux semaines séparant le décès de l’inhumation de son partenaire originaire du Kongo Central, cette Swahiliphone, originaire de Maniema, témoigne n’avoir subi aucun rituel traditionnel. « La seule cérémonie me “déliant” de mon défunt mari était la prière des hommes de Dieu (pasteurs) avant la levée du corps. J’étais entourée de mes trois enfants », se rappelle-t-elle. 

Quelques années en arrière, Hélène aurait peut-être été obligée de ne pas se laver le corps durant toute la période des funérailles. Aussi, de faire tomber les cheveux. Ou de s’asseoir à même le sol jusqu’à la mise en terre de son défunt mari, rester pieds nus ou encore, de reprendre le frère de son défunt mari, ou à tout autre rituel variable selon les tribus et clans.  

La tradition de plus en plus étouffée

Néfastes selon les organisations de défense des droits des femmes, ces pratiques disparaissent progressivement, surtout à Kinshasa, la capitale. Mais quels sont les facteurs qui bousculent ces vieilles traditions ? Claude Mukeba, chercheur en pratiques de communication, pense que le « métissage des cultures » ou encore « la religiosité accrue » y sont éminemment pour quelque chose.. 

« Kinshasa est une métropole où cohabitent de nombreuses cultures. Dans ces différences, il y a beaucoup d’éléments constants qui se ressemblent. Autant qu’il y en a qui se distinguent. Sur ce fond et, dans une espèce de “créolisation”, Kinshasa secrète, au fil du temps, sa propre culture, qui progressivement s’impose aux cultures originelles, d’où elle tire pourtant sa substance », explique cet observateur et analyste des pratiques sociales. 

En évoquant « la religiosité accrue », Claude Mukeba relève en premier lieu la « christianisation des populations congolaises », vieille de plusieurs siècles maintenant. « Le christianisme prohibe les pratiques sous examen. Le respect desdites pratiques sera toujours en rapport de proportionnalité inverse avec la croissance du nombre des chrétiens », indique-t-il.

Plus de droits pour les femmes

Beaucoup d’autres analystes évoquent aussi l’activisme accru ces dernières années en faveur des droits des femmes sur le continent. Des instruments nationaux comme internationaux consacrent davantage l’égalité entre hommes et femmes. Ils bannissent au passage toutes les pratiques jugées néfastes à l’encontre des femmes. 

Le cas du Protocole de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits de la femme (Protocole de Maputo) qui appelle, en son article 2 les Etats signataires, « à adopter et à mettre en œuvre effectivement les mesures législatives et réglementaires appropriées, y compris celles interdisant et réprimant toutes les formes de discrimination et de pratiques néfastes qui compromettent la santé et le bien-être général des femmes ».

La RDC qui a adhéré à cet instrument juridique en 2008 et l’a publié en 2018 au Journal Officiel, a renforcé les droits des femmes dans le nouveau Code de la famille en abolissant notamment l’autorisation maritale, et privilégiant la concertation. Autre temps, autre mœurs, dirait-on.  

SN

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