in ,

Couvre-feu : «solola na français» pour passer les barrières

Le 18 décembre 2020, pour faire face à la “deuxième vague” de Covid-19, le gouvernement congolais annonce une nouvelle série de mesures. Parmi elles, le couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin. Mais sur le terrain, ce couvre-feu ne cible visiblement que des automobilistes, dans des points de contrôle policiers vite surnommés par des Kinois de « points de péage ». Plongée en pleine nuit kinoise.

« Asololi na français ? », demande un policier, qui tient un banc en bois qui lui sert de barrière sur l’avenue Kianza à Ngaba, à son collègue. Par ce langage codé, il veut s’assurer que le taxi-man moto qui nous transporte a bien payé son droit de passage.

A Kinshasa, les barrières érigées pour le couvre-feu se sont vite transformées en véritables points de péage pour les véhicules.

Les piétons, eux, ne sont jamais inquiétés, à part dans quelques images vidéos de la police montrant l’interpellation des jeunes fêtards à Pullman Hôtel… Mais de manière général, ce couvre-feu ne semble concerner que les automobilistes qui s’en sortent pas mal avec un petit rien.

Il est 22 heures 45’ et nous nous retrouvons en plein centre-ville de la Gombe, alors que nous devons atteindre la commune de Ngaba. Nous avons largement dépassé l’heure du couvre-feu. Les taxis bus se font rares sur le Boulevard du 30-Juin.

Au niveau de la Galerie présidentielle, la police a déjà placé des barrières. Normalement, aucun véhicule ni des piétons ne devraient s’y hasarder sous peine d’être interpellés et conduits dans un commissariat pour y rester jusqu’au petit matin, selon les instructions données par le chef de la police, Sylvano Kasongo. Mais on voit bien quelques piétons arpentent le boulevard nullement interpellés.

Les quelques véhicules stoppés devant la barrière, passent après un bref échange avec les éléments de la police y postés.

Nous, c’est un taxi-moto qui nous permet de quitter le centre-ville. Direction : rond-point des huileries. Sans s’arrêter, le taximan-moto a passé deux barrières aux niveaux du siège de la Sonas et des Galeries présidentielles sans être contrôlé. Mais, il a évité de s’approcher de celle au croisement Huilleries-Itaga, prenant un chemin détourné. Il avouera qu’il a déjà payé ses droits (de l’argent) chez les policiers du boulevard avec qui il a sympathisé depuis, mais pas chez ceux des Huileries-Itaga.

« Pour opérer tranquillement, ils doivent te connaître. Je ne peux pas non plus payer dans toutes les barrières. Je risque de ne rien tirer à la fin », confie celui qui pense qu’il ne peut pas se priver de travailler pendant ces heures où il double voire triple le prix de la course.

Sur Rond-point des Huileries, la vie est encore plus vivante que sur le Boulevard du 30-juin. On peut même trouver quelques vendeuses de pain et de brochettes. Attraper un taxi est un peu plus facile. Même constat vers Rond-point Victoire.

« Pour passer chaque barrière, je donne entre 500 et 1000 francs. Tout dépend d’un policier à un autre », raconte le chauffeur qui nous conduit vers Victoire où un check-point est installé juste à côté de la Place des Artistes.

A bord d’un autre taxi-moto, nous contournons une barrière vers l’école de navigation sur l’avenue Victoire. Curieusement à Limete, on profite de l’absence des barrières sur le petit boulevard.

A Kinshasa, on ne trouve pas l’utilité de ce couvre-feu dans la lutte contre la Covid-19, même avec son dernier allègement de 22 heures à 4 heures du matin.

SN

What do you think?

Edité par

Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Loading…

0

COVID-19 : le silence de Fatshi, Eteni et Muyembe

Kinshasa : un masque dans une fête de mariage, ça fait bizarre!