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Confinement de Kinshasa : Les bars fermés ont survécu grâce au système "Levier de Vitesse"

Depuis cinq mois, le Gouvernement a interdit l’ouverture des bars communément appelés “Ekala”. Si cette mesure vise à lutter contre le Coronavirus, aucun accompagnement n’est prévu pour permettre aux bars de faire face à leurs charges. Mais c’était sans compter avec la capacité de ces débits de boisson à se réinventer…

Puisque la vente de boissons est interdite par les autorités, les bars ouvrent sans vraiment ouvrir. Ils se tiennent là sans déployer les haut-parleurs, sans installer les tables et chaises, et sans serveuses. Quand un client se présente le tenancier ou le gérant lui propose une chaise, généralement en plastique, et prend discrètement la commande. En le servant, il recommande au client de déposer la bouteille sous sa chaise. Le client peut amener la bouteille à la bouche, puis la redéposer tel un chauffeur qui passe les vitesses en conduisant. 

Ingénieuse à première vue, cette pratique clandestine n’est pas sans inconvénients. Car, les tracasseries policières s’invitent au tableau. Les policiers ont flairé l’astuce et font des rondes pour confisquer les chaises voire imposer des amendes aux tenanciers desdits bars et terrasses. 

Quand les policiers s’invitent…

Pour Héritier, tenanciers de bar dans la commune de Masina, il n’y a pas d’autres solutions. “C’est la seule méthode possible pour survivre. Fermer le bar équivaudrait à mourir de faim”, déclare-t-il. Prince, autre tenancier de bars toujours à Masina, reconnait bien que la pratique est clandestine, mais elle répond aux besoins de consommation de la clientèle pendant ces temps de confinement où il nous est interdit de vendre ».

Les tracasseries policières ne les effraient pas. ” Il faut juste savoir coopérer (entendez par là -discuter- dans le langage Kinois) avec les agents de l’ordre. Il s’agit de leur offrir  quelque chose pour qu’ils vous laissent tranquille. Ça peut aller de 10.000 Fc à 30.000 Fc (près de 25 dollars américain), voire plus”.

Héritier reconnait qu’il préfère “coopérer” avec les policiers au lieu de s’entêter : “ils peuvent confisquer vos chaises et autres objets ; et de toute façon, tu es obligé de payer pour les récupérer”. Alors, “vaut mieux négocier pour ouvrir clandestinement, plutôt que de perdre son temps dans des discussions interminables”, reconnait Prince. 

Un client croisé dans le bar de Prince témoigne :  “le système -levier de vitesse- s’observe partout dans la capitale. Les Kinois aiment boire, et cette pratique clandestine nous fait du bien”. 

Teddy Mayamba

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