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Port de Banana : une main noire torpille les efforts de Félix Tshisekedi

Les travaux de construction du port en eaux profondes de Banana pourraient ne pas débuter bientôt. Les négociations entre Dubaï Ports World, mieux connue sous le sigle de « DP World » se poursuivent et sont loin d’aboutir. De nombreux points de divergence persistent entre la partie émiratie et l’Etat congolais. Bien plus, une gestion jugée opaque du dossier fragilise la partie congolaise.

On a ainsi appris que les délégués de la présidence de la République ont découvert récemment qu’au mois de mars dernier, le gouvernement avait prolongé non pas de 18 mois la date de levée des conditions suspensives du contrat, mais plutôt de 48 mois. En clair, DP World a la possibilité de continuer à négocier avec l’Etat pendant encore 4 ans sans qu’il ne soit possible de rompre lesdites négociations.

Le nouveau délai signé par les ministres des finances, du budget et du portefeuille sans que le président de la République n’en soit informé, est d’autant plus troublant qu’il devrait arriver à échéance quelques mois après la fin du mandat de Félix Tshisekedi, fixée en principe au plus tôt en décembre 2023 ou au plus tard en janvier 2024. Le successeur de Félix Tshisekedi, si ce dernier n’est pas réélu, aura donc tout le loisir de négocier avec DP World.

Dans certains cercles politiques, on a tôt fait de pointer une main noire qui instrumentaliserait les négociations afin d’en tirer le meilleur partie le moment venu. Sinon comment expliquer cette volonté manifeste de torpiller les idées du président de la République en la matière. Pour Félix Tshisekedi, le contrat entre DP World et l’Etat congolais signé en mars 2018 pour une valeur de plus d’un milliard de dollars ne protège pas suffisamment les intérêts de ce dernier. C’est ainsi qu’il voulait s’appuyer sur la date de levée des conditions suspensives du contrat fixée au 23 mars 2020 pour obtenir des conditions meilleures pour le pays.

Dans le lot des principaux points litigieux restant à négocier avec DP World avant le lancement des travaux de construction du port en eaux profondes de Banana, on relève la suppression de la “put option“, une clause qui prévoit des coûts exorbitants en cas de retrait de la RDC du contrat, l’obtention d’un droit de veto pour le pays, ainsi que la nomination d’un administrateur optionnel au sein de la société concessionnaire. Selon le site d’information « Africa Intelligence », la RDC devrait verser pas moins de 2 milliards de dollars à DP World en cas de rupture du contrat.

Wiily Ngoopos, Ministre des Travaux Publics (Photo. Droits tiers)

On tente d’aplanir les divergences

Face à des révélations sur les divergences entre le gouvernement et la présidence de la République à émettre sur la même longueur d’onde dans ce dossier, le premier ministre a été contraint de réunir, le 13 juillet dernier, les principaux acteurs de ce dossier. Aux côtés de quelques ministres, Jean-Claude Kabongo, conseiller spécial du président en charge des investissements, et Alexis Kayembe Bampende, conseiller du président en charge des infrastructures, ont pris part à la réunion. But de la rencontre : aplanir les divergences entre la présidence de la République et le gouvernement.

A la suite de cette réunion, une commission ad hoc a été créée, qui s’est réunie durant deux jours la semaine dernière. Les conclusions de la commission devraient être soumises au conseil des ministres.
On note toutefois que jusque-là, les différentes réunions n’ont pas réussi à trouver une solution sur la désignation du ministre en charge du dossier. Didier Mazenga, ministre des transports et voies de communications, réclame la gestion dudit dossier alors même que le président de la République, par respect aux attributions des ministères définies par l’ordonnance présidentielle y relative, estime que c’est le ministre des travaux publics, Willy Ngoopos, qui devrait s’occuper de ce dossier.

Au jour d’aujourd’hui on est donc loin du bout du tunnel. Des intérêts qui paraissent divergents plombent les négociations, donnant un certain avantage à l’opérateur émirati DP World. Société appartenant au gouvernement de Dubaï, DP World, filiale de Dubaï World, est le troisième exploitant portuaire mondial, présent dans 49 terminaux portuaires.

On rappelle que le président de la République insiste pour que les travaux de construction du port en eaux profondes de Banana débutent concomitamment avec ceux du pont route-rail Kinshasa-Brazzaville dont les études de faisabilité et le financement sont quasiment bouclés par la Banque africaine de développement. Les couacs dans le dossier port de Banana pourraient compromettre l’exécution de ce volet.

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