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Levée de l’état d’urgence : des « ambianceurs » jubilent, des fidèles des églises rouspètent

Des jeunes qui applaudissent à la vue d’un camion d’une compagnie brassicole remplie de casiers de bières. La scène se passe au rond-point terminus de Lemba. Il est un peu plus de 8 heures ce mercredi matin. Le camion s’arrête devant un dépôt des boissons. Des casiers d’une bière locale très prisée actuellement sont débarqués sous les applaudissements nourris des mêmes jeunes. Certains esquissent même quelques pas de danse. « Fini avec le confinement », crie quelqu’un. Et un autre d’ajouter : « Le coronavirus est fini. On va boire et danser comme on veut. Vive Fatshi. Les bars sont rouverts ».

Alors que ces jeunes manifestent leur joie après la levée de l’état d’urgence, une dame, visiblement effarouchée, a plutôt ces mots : « On rouvre les bars, les hôtels pour que les gens y aillent danser, boire et forniquer alors qu’on maintient les églises fermées. On aime trop les réjouissances et les choses inutiles dans ce pays ».

Des clients attendant leur bus à l’arrêt Transco de Lemba/Terminus engagent alors une forte discussion sur la nécessité de rouvrir au même moment églises et hôtels considérés plus comme « maisons de passe » que comme des lieux de repos ou de logement pour visiteurs ainsi que les églises. « Le pays est à la dérive. Le taux du dollar ne fait que grimper. Les gens mangent difficilement. C’est le moment de recourir à Dieu pour demander son appui. Au lieu de cela, on privilégie les bars et kuzu (maisons de passe). C’est regrettable. Le président m’a déçu », s’écrie une dame. Un homme lui répond : « Madame, mais les bars et les hôtels sont des activités commerciales qui rapportent de l’argent à l’Etat sous forme de taxes. Il faut les autoriser à fonctionner pour éviter la faillite de l’Etat ».

Et, un autre de renchérir : « Madame, s’il faut rouvrir les églises, on devrait juste commencer par les catholiques et les protestants où les fidèles prient sans faire trop de mouvements, alors que vous des églises de réveil, vous priez comme si vous étiez dans un combat de boxe. Vous pouvez vous transmettre la maladie, qui existe et qui n’a pas disparu avec la levée de l’état d’urgence ».

Alors que la discussion prend un tour polémique entre fidèles des églises de réveil et catholiques, deux enfants en uniforme bleu et blanc et sacs d’élèves au dos traversent la chaussée pour rejoindre leur école. Interrogation d’une dame : « Donc, les cours ont repris ? Il y a de ces parents vraiment inconscients ». Un gars d’ajouter : « Ce sont des parents toujours pressés, qui veulent montrer qu’ils élèvent leurs enfants mieux que les autres, alors que toutes les dispositions ne sont pas encore prises par l’Etat pour la reprise des cours ». « Ba za ba engalisa », conclut la dame.

Un autre de compléter : « Ce sont sans doute des enfants qui étudient dans les écoles privées, dont les promoteurs en difficulté tiennent à percevoir les frais scolaires du dernier trimestre et les parents acceptent d’envoyer leurs enfants à l’abattoir du coronavirus». Quelqu’un d’asséner : « Comment voulez-vous avoir à la tête du ministère, un promoteur d’écoles privées ? Ce pays ne va pas évoluer avec des gens cupides, qui ne roulent que pour leurs propres intérêts ».

Voilà une journée qui s’annonce mouvementée avec sans doute des terrasses qui vont commencer à fonctionner dès l’après-midi sans que les clients n’aient à recourir au système du “levier de vitesse” consistant à cacher sa bouteille de bière sous sa chaise pour échapper à tout contrôle policier ou autre.

N’tombo Lukuti

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