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Insécurité à Kinshasa : attaquer le mal à la racine !

Shégué, Kuluna et rapt à bord des taxis communément appelés ketches… Trois phénomènes représentant aujourd’hui le triangle de l’insécurité au quotidien à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo ! Si, à bord de ces voitures de poche au volant droit, les enlèvements des passagers pour les extorquer ensuite, sont récents, les deux premiers phénomènes en revanche le sont moins !
Autrefois appelé « enfants de la rue » ou « phaseurs » dans les années 1980, le phénomène « shégué » n’est donc pas nouveau, il connaît plutôt une ampleur croissante avec les crises familiales (familles éclatées, phénomène enfants-sorciers) et socio-économiques de ces dix dernières années…
Contrairement aux shégués vivant et opérant dans la rue tantôt comme discrets voleurs à la tire, tantôt comme brigands carrément, les Kulunas sont venus, au début des années 2000, démontrer qu’ils pouvaient rester sous le toit familial, et commettre ces forfaits souvent avec une violence rare ! Importé de Luanda par des Kinois, kuluna est en fait une déformation de coluna, colonne en portugais ! Par ce cri, les Congolais en séjour irrégulier en Angola alertaient leurs compatriotes de la descente à un endroit de la police en file indienne, et il s’ensuivait une débandade généralisée ! Ce vocable sera finalement collé à ces hordes de jeunes délinquants kinois addicts à l’alcool fort et au chanvre pillant tout sur leur passage, s’ils ne s’affrontent pas entre eux à la machette, avec des dommages collatéraux…
L’on ne fera croire à personne que « shégué » et « kuluna » constituent deux phénomènes imprévisibles dont le caractère spontané justifierait aujourd’hui l’absence de remèdes ! En fait, ils ont été simplement ignorés trop longtemps sans qu’aucune solution pérenne ne soit trouvée pour les endiguer.  La répression policière seule ne suffit pas quand celle-ci n’est pas accompagnée d’une véritable politique de réinsertion sociale de ces jeunes, les former à des métiers liés à la terre notamment… Car l’on ne combat pas la malaria en tuant les moustiques, plutôt en éradiquant leur habitat, en asséchant les marécages, bref en luttant contre l’insalubrité publique ! S’attaquer donc aux racines du problème, et non aux symptômes, tout en privilégiant une approche plurielle de la question, c’est-à-dire politique, sociale et économique…
La question des « shégué » et des « kuluna » est finalement l’un des lieux où la société congolaise devrait s’interroger aujourd’hui sur elle-même et sur son devenir. Symboles de la désagrégation de la famille comme cellule de base d’une nation, ces jeunes laissés pour compte représentent quelque part un sérieux défi pour la démocratie, dont les droits de l’enfant, partant des jeunes sont l’un des corollaires.
Didier M’BUY 

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